Marcel Duchamp, l'inventeur des "ready-made" au début du XXème siècle,  était vraiment un passionné d'échecs. Il réussit à atteindre un niveau international très honorable alors même que son intense activité artistique aurait pu l'accaparer tout entier. Notons d'ailleurs qu'à partir des années 20 il fera des échecs son activité principale au détriment de l'Art !

Les joueurs d'échecs, Huile sur toile, 50cm x 61cm, décembre1911

Réalisé à Neuilly en 1911 ce tableau désormais célèbre est , d'une certaine manière, une synthèse complexe de son traitement de la décomposition du mouvement. Appliquée aux joueurs d'échecs en action cette réflexion s'effectue les brosses à la main.Cézanne n'est pas très loin ...

Portrait de joueurs d'échecs, 1912

Ce tableau a pour modèles les deux frères de Duchamp, eux mêmes joueurs d'échecs réguliers. Les commentaires de Marcel témoignent de l'intérêt théorique qu'il porte à la thématique échiquéenne, non seulement dans son traitement du mouvement, mais dans l'insertion de ce mouvement au coeur de l'espace identifiable ou indéfini de la toile. Il écrit ainsi :

« Utilisant une fois de plus la technique de la démultiplication dans mon interprétation de la théorie cubiste, je peignais les têtes de mes deux frères en train de jouer aux échecs, cette fois non pas dans un jardin, mais dans un espace indéfini. À droite se trouve Jacques Villon et à gauche Raymond Duchamp Villon le sculpteur, chaque tête étant indiquée par plusieurs profils successifs au milieu de la toile, quelques formes simplifiées de pièces d'échecs disposées au hasard. Une des autres caractéristiques de ce tableau est la tonalité grisâtre de l'ensemble. On peut dire que généralement, la première réaction du Cubisme contre le Fauvisme fut l'abandon des couleurs violentes et leur remplacement par des tonalités atténuées. Ce tableau fut peint à la lumière du gaz pour obtenir cet effet d'atténuation lorsqu'on le regarde au jour.»

 Participant à plusieurs reprises au Championnat de France Marcel Duchamp fit même partie de l'équipe de France aux Olympiades de La Haye en 1928 et d'Hambourg deux ans plus tard. Man Ray dira de lui :

"Son esprit est alerte et les échecs ne laissent aucune trace de l'activité mentale la plus intense. Les échecs ont été son programme. L'aspect compétitif des échecs l'intéresse moins que leur aspect analytique et les possibilités qu'ils offrent à l'invention".

Un lien sur Marcel Duchamp à ne pas manquer, avec quelques commentaires très intéressants sur "Les joueurs d'échecs de Duchamp"

http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ens-duchamp/ens-duchamp.htm

" Le monde ressemble à l'échiquier quadrillé noir et blanc, ces deux couleurs symbolisant les conditions de vie et de mort, de bonté et de péché. Les figurines sont les hommes de ce monde, qui ont une essence commune, occupant les charges et les emplois et disposant des titres qui leur sont dévolus dans cette vie, réunis par une même destinée malgré leurs conditions respectives différentes."
                                                    in Quaedam moralitas de scaccorio

Ce texte est la première mention occidentale du jeu d'échecs. Le pape y tente une première moralisation du jeu. Il sera soutenu dans cette entreprise par un moine dominicain, Saint Louis. Les échecs serviront de support de base à l'instruction civique des jeunes.

Un petit extrait de cette  thèse remarquable, bien écrite et très documentée, un plaisir de gourmets :

"Au contraire de ce qu'affirme la tradition, Napoléon n'a jamais été un bon joueur d'échecs. On peut même dire sans excès de sévérité qu'il était, à ce jeu, moins que médiocre.

Des trois parties que nous possédons de lui, la seule qui ne soit pas certainement apocryphe est celle qu'il a perdue (contre Mme de Mémusat), et les souvenirs des témoins directs, lorsqu'ils font preuve de franchise, ne laissent guère de doute sur la qualité du jeu impérial : [...]

Il n'y avait personne de très fort sur le vaisseau ;l 'empereur l'était infiniment peu. Il gagnait avec les uns et perdait avec les autres ce qui le conduisait un soir à dire :

"Comment se fait-il que je perde très souvent avec ceux qui n'ont jamais gagné celui que je gagne presque toujours ? Cela n'implique t'il pas contradiction ? Comment résoudre ce problème ?", dit-il en clignant de l'oeil, pour faire voir qu'il n'était pas dupe de la galanterie de celui qui en effet était le plus fort."
                                                                       

 L'échiquier du pouvoir, Didier Renard,thèse de Doctorat,1984

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Jeu offert à l'empereur Napoléon 1er par l'Italien Francesco Giacometti.

 Il comporte deux pièces inédites : deux canons de guerre !

" Parce qu'ils sont, en même temps qu'un jeu et un sport, une technique, l'amorce

d'une science et un art, les échecs constituent un fait de civilisation. "

Les échecs "plaisir" en zone urbaine, un pur bonheur !