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19 septembre 2013 4 19 /09 /septembre /2013 10:46

Avant de se demander comment il faut procéder pour associer le jeu d'échecs à la Réforme des rythmes scolaires qui entre en vigueur dès cette année scolaire 2013/2014 dans bon nombre d'académies deux questions seront certainement posées : Pourquoi une telle association ? En quoi le jeu d'échecs peut-il être associé à cette refonte du temps de l'élève ? La réponse est simple et décisive : le jeu d'échecs peut accompagner positivement cette réforme parce qu'il est un excellent support pédagogique utilisable selon les organisations les plus variées du temps scolaire de l'élève. Encore faut-il convaincre quelques sceptiques et expliquer avec méthode cette traduction de l'apport pédagogique du jeu d'échecs à la réforme en cours car la plasticité du support échecs ne signifie pas que l'on doive introduire les échecs à l'école de manière univoque dans l'emploi du temps des écoliers. S'agit-il de jouer, de construire une attitude de réflexion, de concentration, un comportement civique de respect d'autrui, de soi et des règles, de contribuer à la construction des savoirs et à l'acquisition du socle commun de compétences (et d'attitudes), s'agit-il encore de traiter de manière innovante des champs complets des programmes (apprentissages mathématiques, initiation au raisonnement et à la méthodologie scientifiques, émission d'hypothèses, prises de décisions ...) ? Autant de situations qui inférent des réponses différenciées. Commençons déjà par sérier quelques possibilités offertes part la Réforme, en allant du simple au complexe.

Un premier point de la Réforme facile à analyser concerne le temps consacré sur la pause méridienne à la mise en place d'activités pédagogiques complémentaires en groupes restreints d'élèves. Ce temps s'ajoute aux 24 heures d'enseignement hebdomadaire, en remplacement de l'aide personnalisée. Il est particulièrement adapté à la découverte et à l'utilisation du jeu d'échecs. Nous allons le démontrer.

Concrètement, les Activités Pédagogiques Complémentaires (APC) peuvent se décliner selon trois trois formes principales :

- une aide aux élèves rencontrant des difficultés dans leurs apprentissages (AED)

- une aide au travail personnel (ATP)

- la mise en œuvre d'une activité prévue par le projet d'école. (APE, je crois mais sans certitude)

 

Pour chacune de ces trois formes d'organisation pédagogique le jeu d'échecs peut constituer une réponse appropriée à condition que l'on s'interroge à la fois sur le contenu et l'organisation des activités, sur la formation des enseignants qui souhaiteraient lancer cette activité dans ce cadre nouveau. Je ne parlerai pas ou très peu des problèmes de matériel qui sont quasi inexistants pour la pratique des échecs. Un échiquier mural et quatre à huit jeux individuels suffisent puisque l'on parle de groupe restreint et le coût est minimal ou nul, dans la mesure où des partenariats existent entre le MEN et la FFE (Fédération française des échecs) Les structures locales (ligues, comités départementaux, cercles d'échecs, associations ...) peuvent aussi apporter des réponses simples et suffisantes aux besoins immédiats. Le matériel d'échecs est également utilisable sur d'autres créneaux horaires -pour les activités extra et périscolaires notamment et dans le temps scolaire proprement dit-. On peut donc en conclure que toute communauté éducative motivée se dotera sans difficulté majeure insurmontable du minimum nécessaire pour assurer la conduite de l'activité.    

 

Le contenu et l'organisation des activités :

Il s'agit de se familiariser avec le matériel de jeu, d'apprendre les règles de déplacement des pièces et progressivement l'ensemble des règles indispensables pour mener à bien une partie d'échecs complète, sachant que l'on peut parfaitement jouer, réfléchir, seul ou à deux, sans maîtriser l'ensemble de ces règles et déjà en tirer un immense bénéfice. Pour autant si l'on veut tirer partie du potentiel du jeu et ne pas demeurer en lisière de ce qu'il offre il sera indispensable de comprendre et donc de connaître et assimiler les premiers éléments de tactique et de stratégie qui font la beauté de ce jeu, sa profondeur et sa valeur, qui permettent surtout au pédagogue de commencer à raisonner  en termes de "transfert de compétences". Atteindre ce seuil minimal de compétence est essentiel pour l'enseignant comme pour l'éducateur : chaque situation de jeu, chaque situation-problème et de recherche présentées sur l'échiquier mural hors du contexte d'une partie favoriseront la mise en place progressive chez l'élève d'une réflexion méthodique et logique, rationnelle, structurée. Il s'agit de repérer les forces et faiblesses en présence  et en balance sur l'échiquier pour chacun des deux camps, [stimulant au passage et développant les qualités d'observation]. Il convient de définir les objectifs à atteindre, les plans à privilégier dans ce but, les motifs tactiques (calcul mental) et stratégiques adéquats ... Il faut aussi mobiliser des savoirs antérieurs pour progresser.

 

Une aide aux élèves en difficulté

Le jeu d'échecs n'est pas un jeu de hasard. Pour les élèves, la maîtrise progressive des méthodes de réflexion qu'il préconise  se traduit vite et de manière pratique à travers des réussites indiscutables et clairement identifiables (parties gagnées, problèmes résolus, idées nouvelles ...), qui stimulent le goût de l'effort, générent à leur tour confiance, estime de soi et d'autrui, favorisent l'autonomie et disciplinent la pensée, le respect des règles ... On comprend déjà mieux que la redistribution de toutes ces compétences puisse inscrire positivement son empreinte dans le parcours scolaire des élèves, tant sur le plan éducatif que sur le plan intellectuel. Appliquées au jeu d'échecs l'étude et l'assiduité sont très rapidement suivies d'effets concrets et les cas d'élèves en difficulté scolaire qui reprennent confiance en eux et développent une appétence neuve pour les études à travers le jeu d'échecs ne sont pas isolés.

 

L'aide au travail personnel

En quoi le jeu d'échecs peut-il ausi contribuer à l'aide au travail personnel ? Il me semble que le principal atout et la vertu cardinale de ce jeu sont de favoriser l'organisation mentale de l'élève, en l'aidant à construire des repères psychologiques et spatio-temporels pertinents. Aux échecs il convient d'apprendre à résoudre des problèmes qui s'inscrivent dans une trame temporelle (le temps et la durée de la partie, les coups joués qui sont autant de prises de décision qui suivent le temps de réflexion du joueur, le temps de la pendule qui s'écoule et qu'il faut apprendre à contrôler ...) Le jeu d'échecs apprend à maîtriser le temps et les émotions que suscite la recherche de cette maîtrise. Réfléchir plus vite, de manière plus lucide et plus efficace, canaliser son émotivité et son impulsivité, organiser et répartir son temps de réflexion selon les difficultés rencontrées, autant d'atouts décisifs pour réussir à l'école et, à terme, puisque c'est aussi la finalité de la scolarité, pour s'épanouir et construire un projet personnel et professionnel cohérent. L'échiquier est le lieu et le cadre de cette réflexion, un lieu structuré, balisé, construit. Les parties se déroulent sur 64 cases codées de manière immuable. Elles sont notées, mémorisées, réutilisables, s'inscrivent dans une histoire, des règles, des codes de conduite et des espaces appropriés.Tous ces repères sécurisent et accompagnent le parcours intellectuel de l'élève dans la découverte de l'activité.

 

La formation des enseignants :

Des méthodes existent, bien sûr, des manuels aussi et j'y reviendrai de manière complète dans un article ultérieur. Soulignons aussi qu'à travers les possibilités nouvelles offertes par le numérique des contenus de formation à distance sont tout à fait envisageables qui répondraient de manière particulièrement adaptée aux besoins de la formation continue des enseignants en la matière. Il n'en demeure pas moins vrai aussi que quelques formateurs bien utilisés à temps plein en présentiel sont incontournables. Ils seront à même de bien former ces enseignants et surtout de former les personnels d'encadrement de ces enseignants (IEN, CPC et CP spécialisés en sport, coordonnatrices et coordonnateurs de réseau, assistants d'éducation etc.) en leur apportant une expertise spécifique "jeu d'échecs" qui, jointe à leur propres compétences pédagogiques, leur permettra d'accompagner la mise en place et la mise en oeuvre des activités sur le terrain de manière autonome et pérenne.

 

L'appui du Ministère de l'éducation :

En conclusion, on peut se demander s'il est possible de réunir toutes ces conditions favorables au développement du jeu d'échecs à l'école dans un délai raisonnable. Les réponses apportées par Mme George Pau-Langevin, qui a reçu en audience le vendredi 6 septembre 2013 une délégation de La FFE et le champion du monde Garry Kasparov très engagé en faveur du développement des échecs à l'école dans le monde vont clairement en ce sens :

Dans un Communiqué de presse du 06-09_2013 la Ministre déléguée à la réussite éducative a tenu notamment à rappeler que le jeu d'échecs permet "d'installer un environnement favorable à l'apprentissage. Il contribue au développement des attitudes et des aptitudes intellectuelles propices à l'émancipation intellectuelle, fondamentale pour chaque enfant".  

Accordons lui le bénéfice de la conclusion.

 


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commentaires

J
Merci pour cet article fort utile et de grande actualité. Je le garde dans mes "tablettes" pour étayer un article que je prépare pour un quotidien régional où je présenterai les réalisations et<br /> projets du club local, L'Echiquier Dieppois, dans ce domaine. A noter -en avant-première pour les lecteurs de Chess Una Sumus- qu'une grande nouveauté va être mise en place cette année par le club<br /> dieppois avec un soutien de Jeunesse & Sports, une section échecs et boxe ! Mais chut, c'est encore (presque) un secret dont je réserve la primeur à Chess Una Sumus.
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